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Bourreaux et victimes

Lecture Osiris

Dans cet ouvrage paru pour la première fois en 1999, Françoise Sironi développe une thèse centrée sur la psychologie de la torture qui questionne les différentes conceptions du traumatisme depuis S. Freud en passant par S. Ferenczi et I. Hermann jusqu’aux travaux les plus récents, « Exil et torture » de Vignar M. et M. ou « Violence d’Etat et psychanalyse » ouvrage collectif sous la direction de R. Kaës et J. Puget, sans oublier les différentes approches psychiatrique et psychologique. (Elle s’appuie sur une abondante bibliographie).
Ses références comme son parcours intellectuel, elle est formée par Tobie Nathan, la conduisent à construire une théorie originale des traumatismes intentionnels à partir des concepts issus de l’ethnopsychanalyse : l’influence, la frayeur, le rituel, l’identité culturelle … Elle insiste sur le traumatisme fabriqué, délibérément induit par l’homme : « quand le désordre est lié à l’utilisation de la torture, quand il est la conséquence d’un processus d’influence, il est nécessaire d’introduire ce tiers, de nature extrapsychique. Une intention préexiste indubitablement à la souffrance du patient, elle est induite par le tortionnaire », d’où l’importance à comprendre la fabrication du tortionnaire ainsi que ses techniques de désaffiliation de la victime à son groupe d’appartenance. Selon F. Sironi « les représentations mentales du tortionnaire sont inscrites au coeur même des symptômes que présentent les personnes traumatisées par la torture. Elles se transmettent à la victime en grande souffrance. »
La spécificité intellectuelle du traumatisme, par attaque des liens de pensée, implique que le thérapeute doit considérer non la « nature » du sujet mais l’action des tiers sur le sujet, loin d’adopter une attitude de neutralité bienveillante il devra agir sur l’intentionnalité du bourreau en se faisant l’allié du patient par une « parole agissante ».
Un des intérêts du travail de F. Sironi porte sur ce qu’elle développera dans un autre ouvrage, la psychologie géopolitique clinique à savoir, l’impact de l’histoire collective sur la psychologie individuelle et la manière dont on peut (on doit ?), en psychothérapie, aborder les conséquences spécifiques des violences collectives au regard de l’histoire, de la politique et de la culture.
Françoise Sironi est maître de conférences en psychologie clinique et en psychopathologie à l’université Paris-VIII. Elle a cofondé le centre Primo Levi, spécialisé dans le soin des victimes de tortures et de violences collectives. Elle a dirigé le Centre d’Ethnopsychiatrie Georges-Devereux pendant 5 ans de 1999 à 2004.

Les ouvrages et documents peuvent être consultables sur place, notamment lors des formations. Pour toute demande d’informations sur cette référence, merci de nous contacter à ressources@centreosiris.org.