ما کی هستیم ؟Kush jemi ne ?من نحن ؟Who are we ?Кто мы ?مونږ څوګ یو ؟ - Ვინ ვართ ჩვენ ? - Хто ми ? - Biz Kimiz ?

Rencontre avec Jérémie FOA le 12 juin à 18h30

Cette rencontre se tiendra dans les locaux d’Osiris, inscription obligatoire.

Jérémie FOA est maître de conférence à Aix-Marseille Université, membre du laboratoire TELEMMe et spécialiste de l’histoire des guerres de religion en Europe. Il est notamment l’auteur de Survivre – Une histoire des guerres de religion (Seuil, 2024) et de Tous ceux qui tombent – Visages du massacre de la Saint-Barthélémy (La Découverte, 2024).

Places limitées sur inscription uniquement, à l’adresse : https://framaforms.org/rencontre-avec-jeremie-foa-1746449565

Présentation : Les massacres de guerre ont laissé pour compte ces anonymes oubliés des livres d’histoire. Victimes d’exactions, exposés à la violence intentionnelle, ce sont des hommes, des femmes, des enfants, des familles entières qui sont dénoncés, poursuivis, humiliés et torturés dans des conditions ou la face sombre de l’humanité déploie toute sa puissance.

Marqués à jamais, les survivants, épargnés malgré les destructions, continuent de vivre sur les lieux du désastre.

D’autres s’exilent.

Au centre Osiris les patients exilé·e·s en grande souffrance traumatique viennent déposer des fractions de vie. Ils livrent les lambeaux d’un quotidien transformé à jamais par un vécu de violence où il n’est plus question que de survie.

Si certains rescapés arrivent à témoigner et à être entendu, si la question du témoignage (1) est aujourd’hui devenue centrale dans la [re]connaissance et la transmission des nombreux conflits qui traversent le XXème siècle, quid des oubliés des temps passés ?

Comment faire exister, comment redonner vie et identité à ces victimes anonymes mortes il y a plusieurs siècles ? Que reste-t-il dans notre mémoire collective de ces gens du peuple, ceux qui tombent et qui disparaissent dans un linceul d’invisibilité ?

La démarche de Jérémie Foa spécialiste des guerres de Religion et notamment du massacre de la Saint-Barthélémy conjugue dans deux livres remarquables la question des victimes des massacres de masse et de leurs bourreaux (2). L’un est une réflexion sur les conditions et les marques de la survivance, l’autre une enquête scrupuleuse sur quelques exemples de vies minuscules. Il s’appuie pour cela sur les archives et documents de l’époque.

 « Plutôt qu’une autre histoire de la Saint-Barthélémy, j’ai voulu faire une histoire des autres dans la Saint-Barthélémy. Dans un évènement qui assurément ne l’est guère. […] Comment des hommes ordinaires ont-ils pu soudain égorger leurs voisins de toujours ? »

Comment cette histoire vielle de près de cinq siècles nous concerne-t-elle encore aujourd’hui ? (3) Comment notre époque contemporaine peut-elle se résoudre à affronter tous ceux qui dans les zones de conflits ou aux frontières meurent sans laisser de traces (4) ? Ni sépulture, ni épitaphe, rien pour ceux qui restent et pour ceux qui viennent, seulement la propagation d’une insondable anxiété.

(1) L’Ère du témoin, Annette Wieviorka, Plon, 1998

(2) Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Jacques Sémélin, Le Seuil, 2005

(3) Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne, Christopher R. Browning, Les Belles Lettres, 1994.

(4) Relier les rives – Sur les traces des morts en Méditerranée, Carolina Kobelinsky et Filippo Furri, La Découverte, 2024.