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Voix du son en contexte traumatique

Couverture de l'ouvrage "Voix du son en contexte traumatique"

Lecture Osiris

À partir du témoignage de soignants durant la pandémie du Covid Françoise Davoine, psychanalyste, revient sur le constat apparemment insoluble du « comment entrer en relation avec des personnes qui sont dans l’impossibilité physique et psychique de dire ce qui leur arrive. »

Le silence est d’abord le symptôme probant d’un état d’une grande souffrance partagée quand les mots manquent et que seules demeurent des impressions sensorielles ressenties de part et d’autre de ce silence. Car en dépit de l’indifférence apparente, la relation interpersonnelle est intense.

Pour tenter de répondre à ce paradoxe Françoise Davoine s’appuie sur « la psychothérapie de l’avant », une théorie développée par des analystes aux USA et peu connue en France. Elle rappelle comment des analystes ont pu élaborer des théories en faisant avec ou malgré leurs traumas ; à commencer par Freud, Bion, Van der Kolk et Salmon, ou décrit dans des œuvres d’écrivains.

Psychothérapie de l’avant.

Si vous me guérissez mes symptômes vous me renvoyez à la mort sur le champ de bataille ; dans le cas contraire, je vais rester toute ma vie dans un état d’invalide mental. (1)

En 1917 Thiery Salmon était nommé consultant pour l’armée américaine avec mission de proposer une synthèse des expériences anglaises et françaises. Il avait pour ordre de dégager un programme d’ensemble relatif à la prévention et au traitement des cas de shell shock (1), rebaptisés névroses de guerre. Durant la première guerre mondiale ces troubles amenèrent des psychiatres à penser la « folie » au plus près des terrains de guerre.

Thomas Salmon systématise l’essentiel de son savoir en quatre principes qui devinrent le cœur de la psychothérapie de l’avant, forward psychiatry (Histoire et trauma – la Folie des guerres, Françoise Davoine et Jean-Max Gaudillière Éd. Stock coll. L’autre pensée, 2006, 420 pages.). Il s’inspirait notamment des médecins français et anglais, qui avaient pu noter que les soldats traités près de la ligne de front, à une distance où on entend le son du canon, se remettaient plus vite que s’ils étaient traités à l’arrière.

Il y a quatre principes selon T. Salmon :

  • la proximité qui ouvre un nouvel espace de fiabilité face au chaos ;
  • l’immédiateté introduit une temporalité vivante au contact de l’urgence ;
  • l’expectancy (qui se traduit en français par attente/espérance) construit l’accueil autour de l’urgence ;
  • et enfin la simplicité comme la nécessité d’en faire état sans jargon.

Au cours d’une psychothérapie (ou d’une consultation soignante), le silence met souvent en difficulté le thérapeute. Interroger le patient sur ses pensées alors que sous l’effet de saisissement du trauma il ne peut pas répondre. Le silence met en défaut le travail de la mémoire comme transmetteur d’évènements traumatiques récents ou d’autres plus anciens remontant sur plusieurs générations. Le travail consiste alors à retrouver dans le silence une sensorialité partagée, « entrelacer des mots, dans le transfert, aux images sensorielles intempestives » selon Françoise Davoine.

C’est ainsi que confronté à la violence immédiate seule la construction d’un espace intermédiaire, un espace singulier permettra de remettre en marche le temps sorti de ses gonds.

Les ouvrages et documents peuvent être consultables sur place, notamment lors des formations. Pour toute demande d’informations sur cette référence, merci de nous contacter à ressources@centreosiris.org.