Samba pour la France
Lecture Osiris
Delphine Coulin tire de son expérience de bénévole à la Cimade un roman engagé et vindicatif. Le personnage central de ce récit est Samba un malien qui découvre l’enfer de la condition de clandestin à Paris : « Depuis cette pièce aux fenêtres horizontales d’où il ne pouvait voir le ciel, il entendait les bruits de ce pays où il était en sursis, à presque 30 ans, et il ne comprenait pas comment son corps d’enfant, celui qui courait à perdre haleine sur les rives du fleuve et s’étourdissait de vitesse, avait pu devenir cette longue silhouette aux bras épais. […] Il lui semblait que son cœur était au cœur de cet immeuble et que cette pièce était l’organe vital d’un corps plus grand que lui, et que les couloirs dans lesquels des gens couraient étaient comme les veines capillaires d’un corps encore plus grand qui serait ce pays, et il avait l’impression de s’y dissoudre. »
Delphine Coulin fait parler ses personnages, parce que la langue permet de décrire ce monde hors du monde, ce no man’s land, dans lequel la solitude, la détresse, la désillusion signent l’impossibilité à être. Même les mots, dernier rempart d’humanité, ne sont plus écoutés et déformés s’effilochent dans le long labeur du temps : « Tout les jours on met en doute la parole de ceux qui disent qu’ils sont là depuis plusieurs années, parfois dix ans, parfois douze, parfois quinze, comme si les mots n’avaient plus aucune importance, ou qu’il fallait s’en méfier. Pourquoi ne nous croit-on pas ? Pourquoi nous condamne-t-on à la misère et au mensonge ? se plaint Lamouna, l’oncle de Samba.
Ce roman est un récit à charge contre la politique de l’Etat vis-à-vis des sans papiers, écrit sous la présidence de Nicolas Sarkozy rien ne dit qu’aujourd’hui il en est autrement. Hélas !
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