Les nouveaux blessés
Lecture Osiris
Ce travail participe au débat qui interroge les concepts de la psychanalyse confrontée aux recherches et aux applications neurobiologiques. Pour évacuer l’inconscient, il convient de montrer que la construction du sujet et de l’inconscient ne sont pas sous l’influence des pulsions et de leurs représentants mais de la matière qui possède une qualité intrinsèque et dont le fonctionnement spécifique conditionne les formes que prennent certaines pathologies (Maladie d’Alzheimer, traumatisme cérébraux, traumatismes psychiques).
Ces deux citations constituent un raccourci éclairant sur les analyses de l’auteure qui propose le concept de « cérébralité » pour définir la qualité intrinsèque de la matière cérébrale. La nature particulière de la répétition que nous pouvons observer lors des soins entrepris auprès des traumatisés psychiques, certaines formes d’enkystement du traumatisme, la puissance du retour incessant des souvenirs traumatiques associé à un puissant rejet de ces retours est un phénomène sur lequel nos interrogations sont elles-mêmes incessantes. Le travail de C. Malabou reste suffisamment ouvert, cependant, pour qu’on puisse s’y pencher.
p.76
«Or, il faut l’affirmer avec force : la conception freudienne d’un cerveau étranger à l’activité symbolique, pure base matérielle, pur support, sans autonomie dans le traitement des ses propres sollicitations énergétiques, est aujourd’hui entièrement remis en question. La mise à jour d’un «cerveau émotionnel» apte à supporter l’excitation de son propre dedans, capable du même coup d’en produire des représentations, joue un rôle fondamental dans l’élaboration d’une nouvelle approche qui tend précisément, à assimiler à nouveau frais, cerveau et psychisme et à déplacer les limites entre organisation cérébrale et topique psychique.»
p.251
« On assiste donc, avec l’histoire du diagnostic de PTSD, à un déplacement profond du concept de névrose traumatique tel que l’avait défini la psychanalyse. Ce ne sont pas seulement les troubles psychiques de guerre qui se voient le plus exactement identifiés à l’aide de ce diagnostic, c’est le lien même de la névrose et du trauma qui se voit questionné, remis en cause, voire défait. L’impuissance liée au choc traumatique n’est plus reconductible au « désaide » natif du sujet. Aucun « conflit intérieur » ne peut plus ici être invoqué. Aucune soudure entre « Erlebnis » (expérience) et « Ereignis » (évènement) n’est plus possible. Le passé psychique n’est plus la ressource du présent… Le PTSD admet l’existence d’événements qui sont à eux-mêmes leur propre origine et occasionnent, par leur puissance spécifique, une nouvelle vie psychique. Ces événements sont précisément les événements traumatiques. »
Les ouvrages et documents peuvent être consultables sur place, notamment lors des formations. Pour toute demande d’informations sur cette référence, merci de nous contacter à ressources@centreosiris.org.