Les Arrivants
Lecture Osiris
Il est difficile de ne pas sortir bouleversé de ce documentaire tourné à la CAFDA (Coordination pour l’Accueil des Familles Demandeuses d’Asile), tant les situations décrites apparaissent dans leur désespérante nudité et sont proches de celles que nous connaissons. Trois familles en provenance d’Érythrée, de Mongolie et du Sri Lanka sont accueillies par des assistantes sociales. À travers les réactions de ces demandeurs d’asile, la souffrance est omniprésente, même si elle transparaît de façons bien différentes. Ici la révolte prédomine, les cris et les menaces fusent à l’encontre d’accueillants qui font de leur mieux pour conjurer l’impossible. Là dominent l’impassibilité, les larmes furtives ou bien le renoncement. Ces familles, dont presque toutes sont porteuses d’enfants venus ou à venir, nous en suivons les pérégrinations, non seulement dans le Centre d’accueil mais également dans le métro ou dans des cérémonies festives et religieuses. Pour les réceptionner, deux assistantes sociales aux profils très contrastés, la première débordée, cherchant vainement, à travers une certaine distanciation, des solutions improbables aux problèmes qui lui sont posés, l’autre en permanence au bord de la crise de nerf, exprimant son désarroi sous forme d’agressivité à l’encontre de ceux qu’elle est censée soulager. De part et d’autre des bureaux au-dessus desquels s’instaurent d’impossibles dialogues, cette même impression d’incompréhension, de souffrance et d’écrasement par des situations dont les dénouements sont hors de portée de ceux qui en ont la charge. Et ce n’est pas le moindre mérite de ce documentaire que de souligner à quel point les équipes accueillantes sont affectées par les drames qu’elles côtoient et ceci d’autant plus qu’aucun soutien extérieur ne vient les aider à gérer leur désespoir. Seuls les interprètes, par leur proximité avec ceux dont ils partagent la langue et la culture, savent trouver les mots justes et les réactions appropriées pour désamorcer les frictions et dispenser quelque apaisement. Sans doute en est-il de même de l’accueillante chargée d’écrire les récits à l’intention de l’OFPRA, dont le professionnalisme contribue à aplanir les conflits. Dans ce système qui broie les hommes et dont on apprendra que seule une famille a réussi à éviter l’infernal engrenage, chacun fait ce qu’il peut, dans la mesure de ses faibles moyens, pour comprendre son vis-à-vis et tenter de lui apporter son aide. Mais l’égoïsme d’État aura le dernier mot, même si le sourire d’une mère penchée amoureusement sur son enfant nouveau-né, et qui va être impitoyablement renvoyée en Italie en vertu de la loi Dublin 2, atteste, pour clore ce magnifique témoignage, que la vie, malgré l’indifférence coupable de nos sociétés, est presque toujours porteuse d’espoir…
Les ouvrages et documents peuvent être consultables sur place, notamment lors des formations. Pour toute demande d’informations sur cette référence, merci de nous contacter à ressources@centreosiris.org.