ما کی هستیم ؟Kush jemi ne ?من نحن ؟Who are we ?Кто мы ?مونږ څوګ یو ؟ - Ვინ ვართ ჩვენ ? - Хто ми ? - Biz Kimiz ?

La victime dans tous ses états

Lecture Osiris

Ce petit fascicule nous livre un condensé sur le thème de la victime, il donne, toutefois, une idée précise du questionnement. L’auteure aborde ces questions avec concision et clarté ce qui donne à l’ouvrage une réelle pertinence et un éclairage sur les mécanismes psychiques à l’œuvre dans les effets du traumatisme. La figure de la victime ne laisse personne indifférent, le signifiant recouvrant des situations nombreuses. L’immaturité du petit humain qui le confronte à la frustration et aussi à la détresse en est une des représentations. Winnicott a montré que la mère tout entière tournée vers son enfant « hait » néanmoins le bébé auquel elle dédie toute son attention. Par la suite, l’enfant doit pouvoir renoncer à recevoir de l’autre tout ce qu’il attend.
L’accession à l’indépendance passe par des deuils. L’enfant ne sera jamais assuré d’avoir reçu ce qu’il juge légitime. Mais à conserver la posture de celui ou celle qui, définitivement, ne sera jamais comblé(e) et renoncera à utiliser ses moyens propres, le sujet restera dans la plainte victimaire. Il en est autrement de ceux qui ont subi l’intentionnalité destructrice ou l’évènement de l’anéantissement psychique.
La clinique du traumatisme psychique s’est développée depuis plusieurs années et les juridictions ont qualifié au plan pénal des atteintes plus nombreuses, ce qui vient souligner le caractère de déliaison sociale à quoi est soumis la victime: celle-ci manifeste souvent le sentiment d’être hors des cadres communs de référence. « Il s’agit d’y entendre l’atteinte de la dimension symbolique d’arrimage à l’existence et au social .» (p.15) Cependant ce domaine judiciaire est exposé à l’expression des charges émotionnelles. L’être humain n’est jamais sans ressources pour affronter des épreuves mais les mécanismes de défense pour sa survie restent inconscients mais « les ressentis d’effondrement subjectifs sont prégnants, éprouvants et particulièrement invalidants » (p.18)
Comment dépasser le traumatisme ? Comment se défaire de l’identité de victime et reconstruire une identité ? L’impact du traumatisme est-il plus destructeur s’il existe des fragilités antérieures ?
Il est des mécanismes par lesquels, le sujet réfute toute identification à l’état de victime, Anne-Françoise DAHIN aborde ces diverses positions : refus de l’atteinte narcissique, réaction de survie au prix d’un émoussement affectif, identification à l’agresseur, intériorisation de la culpabilité, honte, somatisations. Par ailleurs, « dans certains états psychiques, le ressenti de perte peut s’avérer radical et le thème de la victimisation peut envahir tout le champ de la subjectivité » (p.30). Sont abordés ici les pathologies comme la paranoïa, la névrose de destinée, la compulsion de répétition. Des intervenants multiples auront à intervenir auprès de ces personnes du fait des conséquences humaines, sociales, juridiques, administratives de l’exil et des atteintes somatiques et psychiques. Chacun des personnels concernés sera sollicité, son psychisme subissant des effets de déliaison, des difficultés à penser, des envahissements fantasmatiques.
La victime est largement présente sur la scène sociale. Le débat est généralement empreint d’une coloration passionnelle. La victime connaît des défenseurs acharnés et des détracteurs virulents. Les médias s’emparent des diverses occasions de livrer les victimes à travers des aléas qu’ils ont rencontrés, le spectateur est happé dans l’identification et soulevé par les émotions. Les experts sont convoqués pour attester, évaluer les effets du trauma et les dédommagements, mais à cet exercice et vu leur coût tant financier qu’humains « les victimes s’épuisent et en viennent à abandonner leurs droits » (p.51)
Le regroupement des victimes et de leurs proches s’effectue dans le cadre d’associations pour assurer leur accueil, leur apporter toutes les informations utiles et engager des actions publiques afin « de reconstituer un sentiment d’appartenance à une communauté humaine » (p.54).

Les ouvrages et documents peuvent être consultables sur place, notamment lors des formations. Pour toute demande d’informations sur cette référence, merci de nous contacter à ressources@centreosiris.org.