Histoire d’une vie
Lecture Osiris
Comment un enfant ayant tout perdu peut-il survivre plusieurs années seul dans les sombres forêts ukrainiennes ? Aharon Appelfeld a dix ans lorsqu’il s’échappe du camp. Sa longue errance le conduira, quatre ans plus tard, en Palestine. Plongé dans le silence depuis le début de la guerre, il apprend une nouvelle langue. Il l’utilisera désormais pour tenter de relier les différentes strates de sa vie à leurs racines perdues :
« Sur la seconde guerre mondiale, on écrivait principalement des témoignages. Eux seuls étaient considérés comme l’expression authentique de la réalité. La littérature, elle, apparaissait comme une construction factice. Moi, je n’avais même pas de témoignage à offrir. Je ne me souvenais pas des noms de personnages ni de lieux, mais d’une obscurité, de bruits, de gestes. C’est uniquement avec le temps que j’ai compris que ces matières premières étaient la moelle de la littérature et que, partant de là, il était possible de donner forme à une légende intime. Je dis « intime » car à cette époque on ne considérait que la chronique, comme si en elle seule se trouvait la vérité. L’expression intime n’avait pas encore vu le jour. »
Livre indispensable comme toute l’œuvre de A. Appelfeld pour comprendre l’importance de la littérature –longtemps mésestimée par rapport au témoignage – comme donner forme à des vécus traces et sensations, c’est-à-dire inaccessibles autrement que par ce travail de reconstruction. On pense à des auteurs comme I. Kertész, à P. Modiano ou même à J. Littell et à cette phrase d’Elie Wiesel « un roman sur Treblinka ou bien n’est pas un roman ou bien n’est pas Treblinka ».
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