Gibier d’élevage
Lecture Osiris
En pleine guerre, un avion américain s’écrase dans les montagnes japonaises. Le rescapé est aussitôt fait prisonnier par les villageois. Or il est noir …
Aux yeux du jeune enfant naïf et émerveillé qui raconte cet épisode, sa nationalité, sa race, sa langue n’en font pas un étranger ou un ennemi, mais une simple bête dont il faut s’occuper.
Kenzaburô Ôé s’est imposé au Japon, avec cette longue nouvelle écrite lorsqu’il avait 22 ans, comme un représentant du courant pacifiste. Aujourd’hui à 79 ans il continue de rappeler les valeurs humanistes dont se réclamait le pays au lendemain de la défaite de 1945 et des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki : « Un jour, un journaliste d’Hiroshima m’a demandé : « Est-ce que le monde se souvient de la misère humaine à Hiroshima à la suite du bombardement ? » Cette question est restée gravée dans ma mémoire. »
Son dernier texte « Adieu, mon livre » (Philippe Picquier 2013) est marqué par la catastrophe de la centrale de Fukushima le 11 mars 2011. Il conjugue une double inquiétude, celle d’un écrivain vieillissant qui s’interroge sur le sens de son œuvre en prise avec un monde qui sombre dans le chaos : « Je veux seulement tenter de réfléchir à la façon dont, en tant qu’écrivain, il m’est possible de vivre la fin de ma longue vie alors que je me trouve confronté à une grande catastrophe ».
Kenzaburô Ôé est né en 1935. Il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1994.
A noter que Gibier d’élevage a fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Rithy Panh (2011), transposant l’histoire du Japon de la Seconde Guerre mondiale au Cambodge des khmers rouges.
Les ouvrages et documents peuvent être consultables sur place, notamment lors des formations. Pour toute demande d’informations sur cette référence, merci de nous contacter à ressources@centreosiris.org.