Cette guerre
Lecture Osiris
Thomas Mann, l’auteur de La Montagne magique et de Mort à Venise, a écrit ce texte durant l’hiver 1939 il y dénonce l’iniquité du régime nazi et appelle les Allemands à la raison. Dès les premières heures du nazisme il en condamnait les violences, multipliant les discours, les conférences et les interventions radiophoniques et ce jusqu’à la fin de la guerre. En 1933 il est obligé de s’exiler, il quitte l’Allemagne pour la Suisse et les Etats-Unis. Il parle de cet asthme du cœur que provoque l’exil, le déracinement, les frayeurs nerveuses de celui qui est arraché à sa patrie.
Mais il écrira aussi : Ma patrie est dans les travaux que j’emporte avec moi. Plongé en eux, j’éprouve toute l’intimité familière du chez-soi. Ils sont la langue et l’expression de la pensée allemandes. Là où je suis, est l’Allemagne. Si l’on prend cette formule au pied de la lettre, comme le propose David König dans sa postface à cet ouvrage, l’exil de Thomas Mann prend une nouvelle dimension : il illustre le déplacement de la conscience allemande hors de l’Histoire. Ce n’est plus l’exilé qui est dépossédé de sa patrie, mais la patrie qui s’absente d’elle-même, car elle ne se reconnaît plus dans sa parodie nazie.
Le 23 décembre 1939 Cette Guerre est achevée. C’est un pamphlet qui s’adresse aux
Allemands eux-mêmes, il ne s’agit pas tant d’encourager des velléités de résistance que de décourager une loyauté mal placée précise David König.
Thomas Mann, ce « Grand Homme » – après tout il a reçu le prix Nobel de littérature en 1929, sait grâce à sa hauteur de vue dénoncer un système politique voué au nihilisme, il donne également à ce texte son actualité, en préconisant la réunion des États européens au sein d’une entité politique unifiée, la constitution d’un État supranational.
Thomas Mann écrivain engagé mais Thomas Mann en utopiste voit loin, en intellectuel allemand il s’inscrit dans une pensée préoccupée d’un système politique universel : l’Histoire tend vers plus d’unité, plus de rationalité dans les affaires politiques.
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