La Croisée des chemins, la Guerre secrète des tsiganes 1940-1944
Jan Yoors, Ed. Phébus, Paris, 1992, Coll. Libretto
« Une nuit, je m’étais souvenu d’une fable tsigane. L’histoire de deux brashki, deux grenouilles. Une petite fille appelé Papin, à peine âgée de cinq ans, me l’avait racontée des années auparavant. En voici ma version ; une gentille petite grenouille, bien raisonnable et adaptée à la société, est tranquillement en train de se promener quand, hop ! la voilà qui tombe par accident dans un bidon de lait. Analysant les données de la situation, ele conclut qu’elle n’arrivera jamais à sauter assez haut pour sortir du bidon ; acceptant l’inévitable, ele ne tarde pas à se noyer.
Le jour suivant une seconde petit grenouille, tout aussi innocente que la première, commet la même erreur et tombe dans le bidon de lait, elle est impulsive et fantasque. Elle saute, saute, saute, saute, jusqu’à l’aube ; elle barratte tant et si bien le lait qu’il se change en beurre, et la grenouille a la vie sauve. Cette fable et la sagesse qu’elle colportait m’étaient revenues à l’esprit comme un sourire au milieu de mes souffrances. » La Croisée des chemins évoque un épisode peu connu de l’histoire des Fils du Vent : leur résistance, merveilleusement imaginative, à la barbarie nazie.