Avec l’augmentation du nombre de femmes qui prennent chaque année, par milliers, la route de l’exil, ce livre se révèle plus que jamais d’actualité. Son auteur qui est sociologue et qui a été longtemps juge assesseur représentant le HCR à la Cour Nationale du Droit d’Asile, s’est livré à une enquête très minutieuse en interrogeant 69 femmes dans les quatre pays suivants, Maroc Algérie France et Espagne. 69 % de ces femmes interviewées étaient d’origine subsaharienne et avaient transité par les pays du Maghreb. Smaïn Laacher souligne à son tour que la distinction classique entre migrants économiques chassés par la pauvreté et réfugiés fuyant les persécutions, sur laquelle se fonde l’asile conventionnel, s’avère de moins en moins fondée. Il insiste de surcroît sur une réalité que nous connaissons bien à Osiris, c’est-à-dire sur toutes les violences physiques, sexuelles, psychiques, survenues en chemin, dans les pays traversés, en l’absence de toute protection et de tout secours, en toute impunité. Les exactions qui surviennent alors et dont il dresse le sinistre catalogue, sont parfois bien pires que celles qui ont motivé leur départ.
Scandaleusement, les « officiers de protection » du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (H. C. R.) ne sont en rien habilités à reconnaître ces violences, à les dénoncer et à tenter de s’y opposer.
Comment attendre d’États qui ne respectent pas leurs propres citoyens qu’ils prennent en considération des femmes étrangères noires qu’ils assimilent à des prostituées ?
Et pourtant c’est avec ces États que l’Union Européenne, censée être préoccupée par la défense des droits de l’homme, sous-traite, dans le cadre d’accords de réadmission, « l’accueil » de ces migrants !