Recevez la lettre régionale
Pietro Quérini, Naufragés, 2005, p. 18.
Le 4 décembre, le jour de la Sainte-Barbara, trois vagues successives nous submergèrent, faisant vaciller encore davantage le malheureux navire. Malgré notre effroi, nos reprîmes courage, nous jetant dans l’eau jusqu’à mi-corps afin de le vider de ce chargement superflu. Le 7 décembre, la tempête redoubla. A 2 heures, le navire fut à nouveau inondé. Il se renversa du côté sous le vent et, comme plus rien ne faisait contrepoids, l’eau s’y engouffra de façon effrayante. Voyant notre fin approcher et ne sachant plus que faire, nous recommandâmes nos âmes à Dieu. Je craignais tellement de me noyer que je me fis apporter de l’eau, dont je bus des quantités incroyables. Je pensais qu’en remplissant mon estomac et mon ventre, la mer ne pourrait plus y pénétrer, ce qui, tout bien considéré, était une idée fausse et insensée.