Marie Depussé, Les Morts ne savent rien, 2006, p.75.
Et encore maintenant, quand j’entends dire « des millions de juifs », il me semble qu’on pourrait se contraindre, par respect, à tenir compte du silence des morts : tous n’étaient pas religieux. Alors il me semblerait plus décent de dire : des millions d’humains qu’on a envoyés à la mort pour la raison, ou plutôt le prétexte, qu’ils étaient juifs. Parce que pour massacrer des millions de gens je ne vois pas quel autre mot il peut y avoir, dans la langue, que « prétexte ». Et personne, personne, n’est élu pour mourir dans une chambre à gaz.