Bachisio Zizi, Les troupeaux de la colère, 2016, p.110.
Pietro se leva brusquement. L’adjudant avait cesssé de sourire. L’expression de son visage était devenu méchante.
- Assieds-toi et ne t’agite pas ! ordonna-t-il ; je dois te notifier une sommation.
Il lui lu un papier, en survolant la première partie truffée de « vu que », « considérant que », « estimant que » et d’articles de loi. « Le préfet de police… somme le susdit Chessa Pietro de changer de conduite et de, en particulier… » puis il énuméra en six points ce que « le nommé Chessa Pietro » devait et ne devait pas faire.
- Je croyais pouvoir retrouver mes brebis… si vos cent yeux servent à ça…
L’adjudant le coupa brusquement :
- Je vais être clair, à ton encontre et à celle de ton frère, il y a aussi une plainte pour simulation de délit : le vol des brebis n’est qu’une invention de votre part.
-Tu navigues dans un océan de mensonges, hier tu as eu un entretien avec l’un de tes dignes compagnons, près du lavoir public. Tu vois comment on les utilise les cent yeux ?
- Une invention, le vol de mes brebis ! C’est à en perdre sa liberté.
L’adjudant lui tendit la sommation.
- Signe lui ordonna-t-il.
Pietro signa.
- Si vous donnez foi aux mouchards, dit-il, vous mettrez en prison les honnêtes gens et laisserez les délinquants dehors.
- Je te conseille d’apprendre par coeur la sommation, aussi bien que les dix commandements, sinon tu n’échapperas pas à un petit tour en prison. Va te chercher du travail.
-Pietro s’en alla.