Ruth Klüger est née à Vienne en 1931, elle n’aura pratiquement connu que l’Autriche nazie et une enfance minée par le spectre de la mort. A 11 ans, en 1942, elle est déportée avec sa mère - son père, lui, après avoir fui en France, sera gazé à Auschwitz - à Theresienstadt, puis ce sera Auschwitz-Birkenau et enfin Christianstadt, d’où elle s’enfuira en février 1945.
En 1947, Ruth Klüger s’installait aux Etats-Unis où elle enseigna la littérature allemande.
Ecrit plus de quarante ans après, dans « Refus de témoigner », Ruth Klüger, outre la description de la vie quotidienne dans les camps, s’interroge sur son propre et long mutisme :
« Plus le temps passe, plus on a du mal à comprendre les événements de ces années-là. Moi-même j’ai parfois l’impression que les souvenirs que je porte en moi me sont étrangers, c’est-à-dire étrangers à la personne que je suis devenue depuis. Si c’est exact, la conscience de vire des rescapés des camps de concentration se rapproche de plus en plus de ce que ressentent ceux qui n’y étaient pas. Et c’est peut-être aujourd’hui une des rasions pour lesquelles il est plus facile aujourd’hui d’écrire, de lire de faire des films sur ce thème. Je veux dire que les cinquante dernières années ont établi une communauté d’où nous tous considérons les crimes des années 1940 avec un étonnement comparable ».