L’Auteur Camille Schmoll est géographe, elle est enseignante chercheuse à l’université de Paris, membre de l’institut universitaire de France, de l’institut convergences migrations et du laboratoire géographies -cités ; cofondatrice du GIEM (Groupe International d’Experts sur les Migrations) ; l’ouvrage est issu de sa thèse d’habilitation à diriger des recherches soutenues en 2017 à l’Université de Poitiers. Son enquête se déroule à Malte et en Italie ;
Ce livre évoque les migrations au féminin : l’odyssée des femmes ayant migré en traversant la Méditerranée.
Il commence par l’évocation de deux femmes Shauba et Khady, deux femmes héroïnes de fiction qui perdent la vie durant leur migration ; puis il sera question de la vie de Julienne qui raconte son histoire à la première personne ;
A partir de ces données qualitatives qu’elles soient fictionnelles ou autobiographiques les diverses étapes de la migration seront analysées et décortiquées de façon théorique et documentée.
De la longue traversée des femmes africaines à l’arrivée en Europe l’auteur s’interroge sur la notion de frontières, sur la vie des migrants à la frontière « pour les migrantes et les migrants il n’est plus question de passage des frontières mais d’une vie dans la frontière » les frontières se démultiplient et se déplacent sans cesse, …...dans un impératif irréalisable de fermeture ». Etienne Balibar propose le concept de borderland ou de pays frontières un étirement du temps et de l’espace qui aura des incidences observables en clinique de l’exil.
L’Europe du sud devient une marge utile.
La sélection dans les hotspots italiens et les centre de tri à malte est ensuite abordée avec ses conséquences de criminalisation de la migration ;
La vie dans les centres est longuement évoquée avec un focus sur l’extimité obligatoire, lieux de grande violence institutionnelle avec la privation de liberté et l’hypervisibilité des corps.
L’analyse des motivations de la migration féminine permet de ne pas faire de ses femmes seulement des victimes ou des héroïnes mais rappelle leur engagement de sujet malgré les violences de genre qu’elles ont eu à subir.
Les derniers chapitres évoquent les dimension politiques et économiques des effets de la migration dans les pays d’accueil.
Enfin une analyse féministe de l’effet de la migration sur les corps, l’espace domestique et le rôle d’internet définit comment les femmes peuvent lutter pour une autonomie qui restera néanmoins en tension.
L’intérêt de cette lecture pour nous qui accueillons quotidiennement les récits des personnes exilées est à mon sens qu’elle « universalise » les problématiques qui nous sont livrées et les rattache avec une analyse politique et féministe aux effets de la violence des politiques migratoires exacerbées par la question du genre.
La notion « d’autonomie en tension » qui y est abordée pour ces femmes laisse toute la place à notre travail d’accompagnement thérapeutique et social.