On sait à peine qui il est, on ne sait pas d’où il vient ni les circonstances auxquelles se réfère ce présent rapport. Certes diverses connotations orientent vers les horreurs du nazisme mais cette imprécision, ce flou volontairement entretenu sur l’appartenance historique, procurent à ce témoignage une universalité qui jamais ne tombe dans l’anecdote. « Je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que le monde le sache. Moi je n’ai rien fait et lorsque j’ai su ce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire ». N’est-ce pas la tentation à laquelle nous sommes tous exposés lorsque les circonstances de nos activités humaines nous confrontent à des situations qui nous rattachent, même de loin, à un sentiment de culpabilité ? D’ailleurs ce rapport qui se voulait objectif, exhaustif et impersonnel, sera, à la fin du livre, jeté dans un poêle et livré sans retour possible aux flammes de l’oubli...