Succédant au « Temps des Machettes », cet ouvrage est le dernier d’une trilogie consacrée au génocide rwandais. « La Stratégie des Antilopes » observe le retour à la « normale » d’une société civile où se trouvent mélangés bourreaux et victimes. Après la libération massive des anciens génocidaires qui croupissaient depuis des années dans des geôles surpeuplées semble venu le temps du pardon. Du moins veut-on le croire et chacun s’efforce-t-il d’admettre la nécessité d’une telle fiction. Mais la paix est vacillante, les rancœurs refoulées, la méfiance omniprésente. Comment oublier ? Comment pardonner alors que, faute de prisons assez vastes et de juristes suffisamment nombreux, l’innommable n’a pu être nommé, le crime n’a pu être jugé, le coupable n’a pu être puni ? Constat désabusé d’un auteur lucide qui pense que rien n’est réglé et que le moindre souffle peut faire repartir les braises qui couvent sous la cendre des morts.