Certes à un certain moment, il m’était devenu clair que puisque l’Histoire sera un jour jugée, je devais témoigner pour ses victimes, mais je ne savais comment m’y prendre. J’avais trop de choses à dire, mais pas les mots pour le dire. Conscient de la pauvreté de mes moyens, je voyais le langage se transformer en obstacle. On aurait dû inventer un autre langage. …/… Il fallait donc persévérer. Et parler sans paroles. Et tenter de se fier au silence qui les habite, les les témoins enveloppe et les dépassent tout cela avec le sentiment qu’une poignée de cendres là-bas, à Birkenau, pèse plus que tous les récits sur ce lieu de malédiction. Car malgré tous mes efforts pour dire l’indicible, « ce n’est toujours pas ça ». (Extrait de la préface à la nouvelle édition).