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L’équipe de soin

L’équipe de soin

L’équipe de soin est composée de :
- Psychologues cliniciens (2)
- Psychiatre (1)
- Ostéopathe (1)
- Psychothérapeute (1)
- Psychologue sociale (1)
- Interprètes (20)
- Une assistante sociale (1)

L’accueil

Julia MASSON

La notion d’accueil est utilisée dans un sens global comprenant l’accueil du patients au sein de notre structure mais également les liens de l’association avec l’extérieur, plus particulièrement avec les partenaires référents. L’accueil a une fonction d’interface, d’espace intermédiaire entre dedans et dehors.

L’accueil des patients

Il se matérialise autour d’un entretien d’accueil systématique qui est la première rencontre entre le(s) patient(s) et l’institution Osiris. L’entretien d’accueil a pour objectif de faciliter :

-  La reconnaissance de la souffrance du patient.
-  L’émergence d’un lien de confiance.
-  La construction d’un sentiment de sécurité de base.

Le lien avec les partenaires

Face à la complexité et à l’intrication des problèmes que rencontrent les exilés victimes de répression politique, le centre Osiris s’inscrit dans une approche globale du soin notamment par un travail en réseau avec les partenaires locaux.
Les échanges entre les partenaires doivent favoriser la construction d’un environnement rassurant pour le patient. La mise en lien des partenaires autour du patient participe ainsi à la création d’une enveloppe protectrice bénéfique pour sa reconstruction.

Les liens avec les partenaires se concrétisent sur les questions de l’orientation et du suivi des patients.

Psychothérapie

François CORBIER, Marie JACOB, Bertrand GUÉRY
A Osiris, nous accompagnons les patients dans le cadre de psychothérapies individuelles, conjugales, mères-enfants, familiales et de groupe. La majorité de nos thérapies se font dans la langue d’origine des patients, et en présence d’interprètes et sont donc considérés comme des dispositifs groupaux. Les patients que nous recevons ont vécus des traumatismes importants qui ont de lourdes répercussions sur leurs fonctionnements psychiques. L’objectif général des psychothérapies engagées est d’apporter un soutien aux personnes, de soulager la souffrance psychique et de favoriser un mieux-être au quotidien. Des objectifs spécifiques sont définis au cas par cas pour chaque patient en fonction de leurs attentes, et des modalités de contractualisation de l’alliance thérapeutique. Notre référentiel de base est celui de la psychanalyse, c’est-à-dire que nous travaillons avec l’hypothèse d’un inconscient. Si la majorité des psychothérapies se font avec l’outil verbal, nous développons également des techniques de médiation et psychocorporelles. Nous faisons le constat que le traitement du traumatisme nécessite de repenser en permanence nos outils cliniques, et sommes dans le souci de proposer une offre de soins spécifique et pertinente. Nous sommes ainsi formés aux techniques de groupe, de médiation artistique et d’hypnose.
Des éléments relatifs à la situation sociale du patient émergent souvent dans le dispositif psychothérapeutique, il s’agit alors d’articuler les différents niveau de la prise en charge : au niveau de la consultation, de l’institution ou du partenaire.

Psychiatrie

Monique D’AMORE

L’état de santé des patients nécessite parfois un bilan psychiatrique qui peut déboucher sur un suivi médical avec un recours à un traitement médicamenteux. Les patients souffrent de symptômes le plus souvent en rapport avec un état de stress post-traumatique dont les manifestations sont très fréquentes, de troubles anxieux et dépressifs liées aux conséquences de la précarité et des démarches liées à la demande d’asile, épreuve à l’issue incertaine et vécue sur un mode dramatique en cas d’échec. L’orientation peut aussi être décidée lorsque, au cours de la psychothérapie, l’intensité des symptômes envahit le fonctionnement psychique. Le symptôme étant entendu comme une souffrance qui cherche un destinataire susceptible de l’entendre.
Les patients sont reçus avec un interprète dans leur langue.
Le travail du psychiatre étant d’intervenir au plan symptomatique, diagnostique et thérapeutique, il participe à l’analyse et à la résolution des situations globales avec les membres de l’équipe, avec les partenaires sociaux et juridiques. Ainsi, il est amené à établir les attestations et les certificats que les patients demandent pour les ajouter aux dossiers présentés aux autorités. Ces documents ne comportent pas, toutefois d’éléments pouvant servir de preuve irréfutable pour les violences qui ont été endurées. Il peut donner un avis sur la nécessité de poursuivre les soins et notamment dans le cadre de ce qu’on nomme « régularisation de séjour pour soins » ( carte de séjour en rapport avec l’article L313-11 du CESEDA), mais la démarche doit être accompagnée d’une expertise médicale réalisée par un médecin agréé auprès de la Préfecture. Le psychiatre du Centre Osiris n’est pas lui-même agréé.

Ostéopathie

Emilie MASSON
Définition et objectif thérapeutique

L’ostéopathie est une science délicate et complexe de la structure humaine dans tous ses plans : osseux, membraneux et liquidiens. Cette approche, réputée pour sa lecture globale et systémique, est particulièrement indiquée dans la prise en charge de la douleur des personnes ayant subi des traumatismes, vécu des violences. En particulier, elle propose d’engager un dialogue thérapeutique, palpatoire et proprioceptif avec les séquelles d’atteintes physiques qui ont perturbé le fonctionnement psychique et physique jusqu’alors équilibré des victimes.

Le but des séances est d’interroger, puis d’identifier avec le patient les structures impliquées dans l’expression de leur souffrance afin de pouvoir les pallier, par l’emploi de techniques exclusivement manuelles. Souvent, il est question du syndrome de stress post traumatique, fréquemment responsable de douleurs qui s’installent et s’auto-entretiennent, au travers de dérangements mécaniques qui siègent dans leur corps depuis la survenue de ces événements.

Nature des troubles

Les manifestations de cette mémoire du traumatisme concernent aussi le corps et peuvent être d’ordre :
-  Neurologique : par une hypo- ou hyper-réactivité neuro-végétatives (troubles de la vigilance, du sommeil, du métabolisme, absences, neuropathies d’emprisonnement).
-  Organique (troubles cardio-vasculaires, gastralgies, douleurs pelviennes...).
-  Musculaire ou articulaires (tensions musculaires rebelles aux antalgiques, algodystrophie...).

Les troubles rencontrés sont liés à des mécanismes de sauvegarde neurobiologique déclenchés lors du stress extrême et du risque vital que génère le traumatisme. Ces mécanismes, élaborés par le système limbique (amygdale) ainsi que par les réflexes médullaires sont responsables du circuit de réponse au stress. Sur le moment, cela se traduit par une stratégie de déconnexion avec anesthésie affective et physique. Cette rupture permet temporairement au corps de résister à l’ingérable.

Le système neurologique devient porteur de la trace d’une désorganisation liée à l’événement. Il conserve méthodiquement une mémoire du traumatisme qui peut faire surface à nouveau et handicaper le quotidien de la personne.

Les effets libérateurs

Pendant la séance, le toucher stimule et agit à différents niveaux, notamment :
- Sur le système neurologique et neurovégétatif, en travaillant dans la résolution des perturbations induites par des boucles réflexes médullaires responsables des messages douloureux actuels ou anciens.
- Sur le tissu musculo-squelettique et viscéral, en permettant de soulager et de dissoudre les tensions articulaires, musculaires ou d’un viscère présentant des restrictions de mouvement dans sa situation tridimensionnelle.
- Sur le réseau vasculaire, en le libérant en amont et en aval des contraintes qui privaient jusqu’alors l’apport nécessaire en oxygénation et en agents nutritifs capables de réparer une région endommagée.

Ainsi, en soulageant l’ensemble des tensions qui siègent sur différents territoires de l’organisme, les chances de guérison, de reconstruction, de maintien et d’adaptation du corps de ces patients s’en verront améliorées.

Coordination sociale

Véronique JUILLAN

Les personnes accueillies à Osiris ont en commun un parcours marqué par des violences intentionnelles, des pertes multiples et l’expérience de l’exil.
A leur arrivée en France, elles partagent une même attente de protection et demande de refuge.

Les conditions de vie en France, la très grande précarité tant sociale que juridique qui les caractérise, ainsi que les discriminations et les exclusions - notamment en terme d’accès aux droits - vont souvent mettre à mal et empêcher cet accès à une première protection.

Au fil des mois, si l’octroi d’une protection internationale vient parfois matérialiser la reconnaissance des violences subies, les décisions majoritairement de refus de cette protection viennent a contrario dénier la réalité de ces violences et déstabiliser les précaires équilibres sociaux (perte d’hébergement, de ressources, de statut…) et psychiques reconstruits.

Cette précarité et ce dénuement en terme de droit font écho et s’entremêlent à la détresse et au dénuement psychique des personnes que nous accueillons.

La prise en compte de cette réalité sociale et son accompagnement s’inscrivent dans une approche globale du soin. Ils s’articulent avec le travail thérapeutique engagé.

SPECIFICITES DES SITUATIONS ACCOMPAGNEES

Dans le contexte de réforme de la demande d’asile et de changement des acteurs de ce champ, nous constatons une diminution, voire une absence d’accompagnement social d’une part importante des patients accueillis à Osiris avec pour conséquence directe des difficultés majeures d’accès aux droits. Ce constat est particulièrement marqué pour les personnes n’accédant pas à un CADA , ainsi que pour celles n’ayant pas obtenu de protection.

Les personnes accompagnées sont dans des situations juridiques très diverses, mais relèvent toutes de ce constat :

Demandeurs d’asile : n’ayant pu accéder à un CADA (pour beaucoup en accueil de nuit, en squat, à la rue, à l’hôtel…) et n’ayant aucun accompagnement social. Dans l’incertitude d’un statut administratif et d’une reconnaissance de ce qu’ils ont vécu, ils sont confrontés à d’importantes difficultés d’accès aux droits, ainsi que d’information et de compréhension de leur situation administrative et juridique.

Mineurs Non Accompagnés : dont la minorité est contestée ou se heurtant à des difficultés de prolongation de leur prise en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance à leur majorité.

Personnes « dublinées » : pour qui un pays tiers a été désigné pour l’instruction de leur demande d’asile, mais vers lequel un retour n’est pas possible (en raison des défaillances en matière d’asile de ce pays, des violences qui ont pu y être subies, de le présence de membres de la famille en France, ou encore des soins qui y sont engagés…). Assignées à résidence, considérées comme en « fuite », susceptibles d’être placées en rétention, ces personnes considérées pendant de long mois comme hors la loi, voient leur demande de protection occultée, et sont le plus souvent dans des situations d’extrême fragilités et de difficultés majeures d’accès aux besoins primaires.

Personnes déboutées : dont le besoin de protection n’a pas été reconnue, et pour certains dont l’état de santé relèverait d’un titre de séjour pour raison médicale, mais dont l’accès et l’accompagnement à cette procédure sont entravés.

Personnes bénéficiant d’une protection internationale : qui n’ont pu bénéficier d’une prise en charge en CADA pendant leur demande d’asile et qui, une fois réfugiées, ne parviennent pas à faire valoir leurs droits (en matière d’hébergement, de santé, de ressources…).

La question du droit et de son exclusion sont au cœur de l’ensemble de ces situations.