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Rapport d’activités

2022 : Un monde en très grande instabilité
Le début de la guerre en Ukraine en février 2022 a mobilisé fortement l’Europe et provoqué le déplacement de millions de personnes en quelques jours. Des conflits, véritables fléaux perdurent également partout dans le monde : Yémen, RDC, Éthiopie, Syrie, Sahel, Myanmar... La traque des opposants s’est accentuée en Russie et en Turquie ; la répression se poursuit en Afghanistan suite à la prise de pouvoir par les talibans et, en Iran depuis les évènements de septembre ; répression envers les opposants politiques, les intellectuels, les fonctionnaires, les artistes et surtout envers les femmes privées de leurs droits les plus élémentaires. Simulacres de procès, exécutions capitales, tortures, déplacement de population, traite des êtres humains, le monde en 2022 est bien loin d’avoir vu sa situation s’améliorer.

La banalisation des noyades en Méditerranée et sa très forte augmentation dans la Manche n’a pas entraîné de remise en cause de la politique extrêmement restrictive des visas. Nos dirigeants n’ont pas ouvert de réflexion sur des procédures permettant aux exilés de voyager en sécurité. Les bateaux des Organisations Non Gouvernementales qui les recueillent sont pourchassés, empêchés d’accoster, de fonctionner en dépit du droit de la mer. La frontière entre l’Italie et la France reste fermée, les exilés sont refoulés illégalement de France, de Grèce, d’Italie… et parfois simplement remis sur des bateaux et renvoyés en mer. Bien que ces dérives soient documentées, dénoncées par les ONG, voire par l’Organisation des Nations Unies et le Haut-Commissariat aux Réfugiés, rien ne se passe.

On assiste à un consensus en Europe pour mettre en place des entraves systématiques à toute entrée légale et empêcher par tout moyen les entrées illégales, sans aucune prise en compte de l’état du monde. Les personnes fuyant les guerres et les exactions n’ont d’autre choix que de mettre de plus en plus leur vie en danger, ayant pour seul recours des moyens inadéquats (bateaux inadaptés, conteneurs frigorifiques…) et des passeurs inhumains et sans scrupules. La Convention de Genève semble de moins en moins respectée. Le fantasme, faussement entretenu dans l’opinion publique que ces personnes chercheraient le pays offrant le maximum de prestations demeure. Pourtant, c’est la situation dans les pays d’origine qui crée l’exil et non l’attrait d’un pays de destination qui est rarement connu au moment du départ. Les personnes ignorent généralement ce que la route, longue de plusieurs mois ou années, va leur réserver. Qui risquerait sa vie et celle de ses enfants dans un voyage inconnu et sans retour si ce n’est forcé par le désespoir ?

Les personnes qui se trouvent en France n’ont plus aucune possibilité ni espoir de faire venir leurs proches restés au pays sinon en mettant leur vie en danger alors qu’ils seraient légitimes à accéder à notre territoire. En France, après plusieurs années de baisse, la demande d’asile est revenue au niveau de l’année 2019. L’augmentation de 2% du taux de protection (OFPRA et CNDA) masque les difficultés d’accès à une procédure juste et équitable. La dématérialisation de la demande a entraîné un manque d’offre de rendez-vous en préfecture pour pouvoir déposer un dossier, venant ainsi aggraver la situation des personnes au moment de leur arrivée. L’instauration par l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides d’un « coffre-fort numérique » depuis mai 2022 a marqué l’arrêt de l’envoi des réponses par lettre recommandée. Les conséquences de cette dématérialisation ne se sont pas fait attendre : les rejets de la Cour Nationale du Droit d’Asile ont augmenté de 30 % sur les six derniers mois de l’année 2022 uniquement en raison de recours formulés hors du délai d’un mois (source CNDA).

Dans ce contexte général, au sein du Centre Osiris, nous constatons chaque jour que parallèlement à toutes ces entraves administratives, les exilés qu’ils soient isolés ou en famille, sont confrontés de plus en plus à un manque criant d’hébergement, d’aide alimentaire et financière, de suivi social. Les conditions de vie ultra-précaires viennent s’additionner aux conditions violentes du voyage et aux exactions subies dans les pays d’origine.

En 2022, le développement du centre de soin, de l’interprétariat dans le soin et le social, la formation des acteurs de terrain, la sensibilisation aux questions de l’exil dans la région PACA ont tenté de répondre, dans la mesure des moyens de l’association, aux défis qui sont posés quotidiennement par les exilés. L’ensemble de l’association s’efforce, avec ses partenaires, d’accueillir et de reconnaître la souffrance de chacun afin de restaurer chez les exilés la dignité, la confiance en soi, le lien avec les autres et la société.

Perspectives 2023
Nous allons poursuivre et développer nos actions dans le soin, l’interprétariat, et le centre de ressources ; celles-ci sont détaillées dans ce rapport d’activités 2022.
Au niveau de l’association, divers chantiers se poursuivent :
-  un séminaire de réflexion est programmé pour le mois d’Octobre 2023, ce sera le 3ème,
-  la réécriture du projet thérapeutique a été relancée et devrait aboutir dans l’année,
-  le travail autour de la communication et du site internet qui a démarré est en bonne voie ; il nous permettra d’affirmer de manière plus visible les valeurs que nous défendons.

La recherche, depuis trois années, de bureaux adaptés à notre activité a enfin abouti en septembre, date à laquelle nous avons signé un compromis, la vente se faisant fin décembre et le déménagement début janvier 2023. Cette nouvelle année a donc démarré dans un bel enthousiasme et surtout avec un espace à la mesure des besoins de l’association et des locaux permettant de mieux accueillir : personnes accompagnées, salariés, groupes, partenaires avec une vraie salle de formation/réunion. Merci à toutes les personnes qui ont pensé/rêvé que cet achat était possible et grâce à qui le projet a pu aboutir ; aux bénévoles et aux salariés qui ont aidé à l’installation.

Pour terminer, je voudrai remercier :
-  nos financeurs institutionnels et privés : l’ARS, la préfecture/DREETS, la ville de Marseille, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, la Fondation de France, la CPCAM des Bouches-du-Rhône, la Direction Générale de la Santé, la Fédération des Acteurs de la Solidarité/Fondation JM Bruneau, ainsi que nos dona-teurs particuliers et adhérents ; tous nous font confiance et nous permettent de poursuivre et développer nos activités ;
-  tous les salariés, professionnels dans leur approche, faisant vivre, quelle que soit leur fonction, la notion de l’institution soignante ; tous sont accueillants, bienveillants, créatifs et réactifs ;
-  les interprètes qui nous apportent leurs langues et leurs connaissances des cul-tures indispensables à la contextualisation des situations individuelles ;
-  les bénévoles toujours prêts à partager leurs compétences ;
-  le Conseil d’Administration qui œuvre à la bonne marche de l’association.

Christine THIRIET, Présidente

Pour plus d’informations sur l’activité de l’association Osiris en 2022, vous pouvez télécharger le rapport d’activité.